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— Oui, murmura Jeannot qui s’arrêta de sangloter.

— Tu comprends, tu ne peux pas faire de peine à ta petite maman… Il faut aller la voir… Quand on est une petit garçon bien gentil, on ne reste pas loin de sa maman aussi longtemps…

Suzette prenait une voix émue et persuasive pour parvenir à ses fins. Elle trouvait subitement que le jeu avait assez duré, que ce petit frère n’avait eu aucun succès. Cet essai ne lui attirait que des désagréments et elle avait hâte de réparer en débarrassant la maison de cet hôte qui devenait encombrant.

Suzette était de caractère décidé. Elle était pressée de sortir. Sa fugue lui ayant réussi le matin, elle jugeait qu’elle pouvait récidiver sans dommage. Il s’agissait de ne pas hésiter. Il fallait surtout ne pas éveiller l’attention des deux domestiques.

Suzette prit ses précautions et alla examiner les voies. Tout était silence. Elle revint en chantonnant, afin de donner l’illusion d’un jeu plein d’entrain et, sans donner à Jeannot le temps de se reconnaître, elle l’entraîna.

Suzette ne manquait pas de chance dans ses expéditions spontanées : elle ne rencontra ni son père, ni sa mère.

Elle passa en trombe devant la loge de la concierge, sans s’inquiéter si on la voyait ou non.