M. Lassonat arrêta son interrogatoire qui était tout à fait inutile. Le bambin ne s’ennuyait pas. De guerre lasse, le pauvre père dit à sa femme qui revenait :
— Je vais me restaurer un peu et j’irai reconduire cet enfant…
— J’irai avec toi, papa ! s’écria Suzette.
— Non, mon petit, tu resteras avec ta maman, qui a du chagrin.
Suzette n’osa pas protester.
L’on se mit à table. Mme Lassonat ne put rien absorber. La place vide de Bob faisait couler ses larmes. On avait placé le jeune Jeannot à côté de Suzette qui en prenait soin. Le bambin, qui possédait un heureux caractère, ne pensait nullement à s’étonner de ce changement d’habitudes et il bavardait autant qu’un perroquet.
— J’aime bien la viande… et les gâteaux aussi…
Il regardait Mme Lassonat avec une certaine curiosité, et soudain il demanda :
— Elle est malade, la dame ?
— Non, dit Suzette, c’est parce que son petit garçon n’est pas rentré pour déjeuner…
— C’est qu’il n’avait pas faim… répliqua l’invité inattendu avec assez d’à-propos.
Le repas se termina rapidement et M. Lassonat se prépara à reconduire le jeune Jeannot.