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me féliciterait… Il n’est pas mal pourtant, ce petit frère, et il est bien plus gentil que Bob…

— Tais-toi ! interrompit Madame Lassonat, tu n’as pas de cœur !

— Je le disais, murmura Justine en hochant la tête.

— J’ai trouvé, au contraire, que j’avais beaucoup de cœur, se défendit Suzette. Je n’ai pas voulu que maman soit triste, et tout le monde me gronde…

M.  Lassonat prit Suzette sur ses genoux et essaya de lui inculquer des sentiments plus conformes au présent :

— Écoute bien, ma petite chérie, et tâche de me comprendre. Bob est notre petit enfant, et nul autre petit garçon, aussi beau puisse-t-il être, aussi gentil, ne pourrait le remplacer près de nous…

— Comme c’est drôle, murmura Suzette, je ne serai pas comme cela… Mes enfants, je les changerai… et tant que je n’aurais pas trouvé un petit Bob gentil je le chercherais…

— Tu es insensée !… s’indigna son père impatienté ; écoute encore, reprit-il plus doucement : Suppose que tu sois perdue, toi, et qu’on nous amène une autre petite fille… Crois-tu que nous serions heureux ?… Pas du tout… C’est notre Suzette qu’il nous faudrait, parce que nous l’aimons…

Suzette parut légèrement ébranlée, mais