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Justine ; les enfants d’aujourd’hui sont bien attristants…

— Écoutez, mes filles… reprit Suzette… Je voudrais bien savoir si vous en avez du cœur, toutes les deux ? À quoi voit-on qu’on en a ?… J’ai cherché Bob toute la journée, tandis que vous êtes restées tranquillement à bavarder dans votre cuisine…

Les deux femmes furent d’abord sans paroles, puis Justine s’écria :

— Dites que vous avez profité du désarroi de la maison pour vous promener depuis le matin, et sans demander la permission encore !

— Ah ! j’ai bien fait d’en profiter, parce que cette merveilleuse journée est finie !

— Si on peut entendre cela !… Appeler une journée pareille, une belle journée !… gronda Sidonie.

— Je manquerai mes sauces, au moins pendant trois jours… murmura Justine.

— Tu ne feras pas de sauces, ce sera plus prudent, conseilla Suzette…

— Dans tous les cas, ne comptez plus que je vous emmène au marché… C’est bien fini, ce beau temps-là !

— Non, Justine… c’est moi qui t’y conduirai…

— Oh ! cette grosse audace !… Décidément les petites filles de mon temps n’existent plus…