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Justine, les poings à la taille, ne put se tenir de s’écrier :

— Alors, qu’est-ce que cette invention ? Vous aviez promis à cette dame d’habiter chez elle ?

— Oui, j’y avais pensé, mais je ne donnerai pas suite à mon projet… Je suis trop certaine que mes parents me l’auraient interdit…

— Vous en êtes sûre qu’ils vous auraient empêchée de les laisser !… On n’a jamais entendu des idées pareilles !… Quitter vos parents !

— Tu ne peux pas comprendre, ma pauvre Justine !… Je serais revenue le dimanche… mais il n’en est plus question… Ce serait trop compliqué… Il faut que j’attende que toute cette agitation soit calmée… si je me ravise…

Sidonie était indignée :

— Eh bien ! quand on est aussi gâtée que mam’zelle, on devrait tous les jours remercier le Bon Dieu à genoux d’avoir d’aussi bons parents… mais vous n’avez pas de cœur…

Suzette eut un vilain mouvement : elle haussa les épaules, ce qui n’était pas le fait d’une petite fille bien élevée.

Elle répondit d’un ton légèrement dédaigneux :

— C’est entendu, je n’ai pas de cœur…

— Là, je le disais !… s’écria Sidonie.

— C’est un malheur de voir ça ! murmura