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— On se passera de carottes…

— C’est impossible ! monsieur n’aime que le veau aux carottes… Ah ! je vais donner une bonne semonce à ces commis… Venez…

La fillette eut peur. Elle prévoyait que les garçons épiciers seraient questionnés et que l’affaire pourrait comporter des conséquences ennuyeuses. On lui avait toujours enseigné qu’il fallait se montrer loyale et ne pas charger les autres de torts qu’ils n’avaient pas.

Alors, en chemin, Suzette avoua courageusement :

— Tu sais, Justine, les carottes, je ne les aime pas… alors…

— Eh bien ! vous n’en mangerez pas !…

— Écoute donc… Alors, comme je ne les aime pas, celles qui étaient dans le panier, je les ai replacées dans la grande corbeille du fruitier…

— Hein !… vous avez fait cela !… clama Justine au milieu de la rue.

— Oui, cria Bob, je l’ai vue…

— C’est épouvantable ! hurla Justine exaspérée ; qu’est-ce que je vais pouvoir expliquer ? On ne me croira pas ! Il va falloir que je paie deux fois mes carottes… Ah ! c’est bien la dernière fois que je vous emmène… Et vous serez punis…

— Je n’ai rien fait, risqua Bob.

— Non, c’est votre sœur…

— Alors, je ne serai pas puni ?