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l’élève bompel

Ce jour-là, Nil partit avec M. Tradal qui aimait beaucoup le trajet souvent ombragé. On passait l’Herbasse qui laissait voir, à travers son eau transparente, de beaux cailloux ronds. On suivait la route sablonneuse, entre des roches d’où provenait le sable qu’on nommait, là, de la marne. Puis on arrivait à la ferme après avoir traversé une partie boisée où les pinsons se grisaient de chant.

Chez les fermiers, deux chiens, Toutou et Boule, qui n’aboyaient plus à la vue des deux habitués, grâce au morceau de sucre que Nil leur réservait. Leurs yeux brillants luisaient de convoitise quand ils voyaient le jeune garçon porter la main à sa poche.

Pour Nil, tout devenait matière à observation. La mère dinde avec ses dindonneaux qu’elle gardait avec un soin extrême. Quand ils se dirigeaient vers les chiens, même endormis, elle piquait ceux-ci avec férocité, et les pauvres s’enfuyaient, la queue basse. Nil s’était beaucoup amusé à ce spectacle.

Il y avait aussi les oies dans leur grasse majesté. Elles se balançaient en bavardant et tendaient leurs gros becs jaunes en cherchant les mollets… Mais si on les regardait fixement, elles s’immobilisaient et toutes dardaient sur vous leur œil rond.

Les chats étaient sauvages et peu gâtés, malgré les services qu’ils rendaient. Leur attitude prudente était qualifiée de sournoise, et on les tolérait sans péné­trer leur caractère.

Nil, alors, se souvenait du chat du collège, si docile, élevé avec tant d’indulgence par la bonne infirmière. Elle savait développer son intelligence et prétendait qu’un bon maître pouvait leur donner un peu de son esprit. Le jeune garçon avait entendu dire de ce chat des choses étonnantes de compréhension.