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I


Il s’appelait Nil Bompel, et son prénom le rendait fier. Quand on s’exclamait à ce nom de saint peu connu, il répondait froidement, d’un air un peu dédai­gneux : « Ma fête est le 25 septembre, je compte donc parmi les chrétiens. »

Nil avait un frère qui s’appelait Jean, et des parents qui élevaient bien leurs enfants. M. Bompel était fonc­tionnaire. C’était un père compréhensif qui essayait de pénétrer les caractères de ses fils. Jean était studieux, docile, sans personnalité marquée. Il n’en était pas de même de Nil dont l’indépendance suscitait quelques imprévus. Aussi l’avait-on envoyé très jeune au col­lège. Il avait cinq ans.

Tous les matins, le frotteur de l’appartement con­duisait le jeune Nil en classe, bien que cela déplût fort à ce dernier. Il voulait s’en aller seul, prétendant qu’il connaissait le chemin. Mais sa mère persistait à le faire accompagner, parce que le trajet était un peu long, et elle craignait les dangers de la rue. La ville comptait un million d’habitants et un enfant pouvait s’y égarer.