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marthe fiel

M. Bompel, qui repartit dès le lendemain de l’arri­vée, devait revenir le samedi avec M. Albert Tradal, le précepteur. Le lundi, Nil voulait commencer ses leçons. Sa mère aurait aimé qu’il les retardât d’une huitaine de jours, mais il préférait prendre de l’avance. Être pris au dépourvu n’était pas dans sa nature.

Il était fort curieux de connaître son professeur. Il voulait le recevoir avec amabilité et préparer une salle d’étude confortable. Au lieu d’aller faire la connaissance des jeunes Ladoume avec son frère, il s’y refusa, remettant au dimanche cette formalité.

Malgré l’invitation pressante de son frère, il main­tint son idée, et passa l’après-midi en l’arrangement de son futur lieu de travail.

Mme Bompel loua son fils de ne rien laisser à l’aventure. Certainement, M. Albert Tradal apprécie­rait mieux son élève, quand il saurait que Nil avait tenu à lui présenter une installation commode plutôt que d’aller s’amuser.

La table était grande et solide sur ses pieds. Les deux sous-main étaient nets et les livres bien rangés sur une étagère. Les cahiers s’alignaient de chaque côté d’un petit porte-bouquet stable où se dressaient des roses. Des rideaux à mi-fenêtre donnaient une clarté agréable et empêchaient les yeux d’errer au dehors, supprimant ainsi tout élément de distraction.

Nil ne regretta pas du tout l’isolement qu’il s’était imposé. Son après-midi avait été très occupée à re­couvrir ses livres, à tailler ses crayons, à faire poser le tableau noir et la boîte à craie.

Aussi lorsque Albert Tradal entra le samedi soir dans cette pièce accueillante, eut-il tout de suite une bonne impression de son élève.