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marthe fiel

— Personne ne peut me donner une indication ? demanda le professeur.

Tout le monde resta muet. Cependant un élève murmura un nom… celui de Nil.

Il flotta dans l’air comme un coton de peuplier. Le professeur le saisit :

— Serait-ce vous, Nil ?

— Non, monsieur… j’ai des règles à la maison, sans compter celles de mon père… Et si c’était moi, je vous l’aurais avoué tout de suite.

Un rire courut.

— Je vous prie de vous taire, messieurs.

Les élèves accusaient Nil, dans l’espoir qu’il saurait se défendre et que ce serait une distraction pour la classe. On savait qu’il sortait toujours avec malice des situations et que le professeur montrait pour lui plus de patience que pour les autres. Alors, en mettant son nom en avant, on aurait une scène amusante.

Cette accusation collective étonnait un peu le professeur et le peinait, n’ayant jamais observé chez Nil des incartades de ce genre.

Cependant, il fallait se rendre à l’évidence, et il dit :

— Si demain, cette règle n’est pas sur mon pupitre, vous serez tous punis !

Il donnait là une solution pleine d’indulgence.

La sentence fut écoutée silencieusement.

Pourtant, au bout d’un moment Nil éleva la voix pour demander :

— Si l’on apportait une autre règle que la vôtre, Monsieur, est-ce que la punition serait levée ?