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marthe fiel

— Me voici, Monsieur le Directeur… ah ! pardon, j’oubliais de vous dire bonjour…

— C’est un oubli réparable…

— Oui, mais la politesse n’est pas satisfaite… et j’oublie souvent, parce que je me suis mis dans la tête que c’était du temps perdu…

— Vous êtes bien jeune pour avoir de tels aperçus.

Nil ne répondit pas. Il était précis et il se demandait pourquoi M. le Directeur l’avait fait appeler. Chez Nil, les idées devaient se traduire par des faits. Or, le directeur n’avait rien de particulier à lui dire. Il s’intéressait à cet élève, qui lui paraissait moins banal que les autres.

Cependant, comme il fallait se montrer un maître, et non un camarade, il prit le sujet qui condamnait souvent l’élève à être mis à la porte de la classe.

— Votre professeur m’a averti que vous étiez souvent puni et que vous passiez le plus utile de votre temps hors de la classe…

Nil eut un geste qui signifiait : Qu’y puis-je ?

Son attitude sérieuse, ses yeux éloquents, sa bouche ironique semblaient une réponse à l’incompréhension de ceux qui le gouvernaient.

Le directeur ne s’y méprit pas.

— Vous êtes persuadé, ou du moins vous le paraissez, que vous n’êtes pas cause de cette rigueur… Cependant votre professeur est juste…

— Non… il n’est pas juste, prononça Nil, parce qu’il rit aussi, sans que je sache pourquoi… Je suis le seul à rester sérieux… Donc, tout le monde devrait sortir, professeur en tête, et moi je devrais rester dans la classe…