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l’élève bompel

Non, le professeur ne s’y attendait pas, et il comprit la gaîté qui avait secoué son supérieur.

Il regarda le directeur dont les traits reflétaient la joie.

— Mon pauvre ami, vous voici classé… un bonhom­me de sept ans a eu raison de tout le sérieux de votre vie. Il est fatal que les élèves trouvent la caractéristi­que de leurs maîtres et en abusent, mais je ne pré­voyais pas que la vôtre serait de cette sorte.

— Je ne puis y remédier…

— Aussi, nous ignorerons cette démarche… Bompel entrera en huitième l’an prochain et vous ne lui don­nerez plus de leçons d’écriture, afin de ne pas susciter sa verve… Il me semble doué d’idées subversives…

— Il est insupportable dans une classe par son aplomb tranquille dont il ne se rend pas compte… Les élèves sont à l’affût de ce qu’il dit et, d’une simple grimace même, il déclenche des rires qui ne s’arrêtent plus. Alors, je suis obligé de le mettre à la porte…

— Où il n’apprend rien…

— Oh ! il n’est pas très en retard…

— Je vais essayer de lui faire entendre raison… envoyez-le-moi demain matin.

— Bien, Monsieur le Directeur.

À dire vrai, le directeur prenait grand intérêt à Nil. Son assurance l’intriguait. Il n’y voyait nulle insolence, mais un caractère qui avait cette forme. Il avait été entraîné, lui aussi, par ce rire communicatif, et il com­prenait parfaitement que des enfants ne pussent résis­ter à cette contagion.

Le lendemain matin, il reçut Nil, qui se familiarisait avec le cabinet directorial.