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marthe fiel

d’idées souvent justes, et avec appréhension, il se de­ mandait quel défaut caché avait le maître.

— Oh ! il est très gentil, approuva Nil.

— Alors ?

— Alors… il a le nez trop pointu et quand il nous montre à écrire, il pique la joue, ce qui est intolérable…

À ces mots, le Directeur éclata d’un rire si généreux que Nil l’imita. Et, comme son rire était communicatif, ce fut dans l’austère cabinet, une cascade de gaîté qui n’en finissait pas. Le professeur attendait à la porte, très anxieux. Il perçut cette hilarité et entr’ouvrit dis­crètement le battant. Il fut confondu devant le spec­tacle que ces deux êtres lui offraient.

Il s’en alla doucement. Nil qui avait su égayer au­ tant M. le Directeur saurait certainement retrouver seul son chemin. Le jeune professeur n’était plus préoccupé. Il savait que nul blâme ne lui serait infligé. Ce rire le lui prouvait.

Cependant, après la classe du soir, il fut appelé dans le cabinet du directeur.

Celui-ci lui dit :

— Vous avez une fameuse recrue dans votre classe !

— L’élève Bompel ?

— Oui, ce petit homme plein d’humour qui est venu me trouver pour me demander votre changement.

— Mon changement ?

— Oui, et tout simplement parce que vous piquez le visage de vos élèves…

— Je pique le visage de mes élèves ! interrompit le jeune homme abasourdi.

— Oui… avec votre nez pointu, pendant vos leçons d’écriture… Vous ne vous attendiez pas à cela ?