— Tu sais que tu dois te confesser avant de recevoir le petit Jésus. Je t’ai expliqué ce qu’était la confession.
— Oui… et je trouve que c’est bien ennuyeux !
— Assurément, c’est une mortification, mais il faut en passer par là, pour que notre orgueil soit abaissé…
— Jamais je n’oserai tout dire à M. l’abbé.
— Tu as donc commis de grosses fautes ?
— Je ne sais pas si elles sont grosses, mais il y en a que je n’aime pas.
— Oh ! oh ! tu les diras en premier.
— J’ai souvent pensé que M. l’abbé n’était pas beau et que son nez bourré de tabac me donnait mal au cœur… Comment avouer ce péché-là ? Tu le dirais, toi ?
Mme Bompel était assez embarrassée et elle cherchait un biais, quand Nil reprit :
— Un jour, j’ai pincé Jean parce qu’il ne voulait pas me prêter son crayon… Il a eu un bleu, un grand ! Une autre fois, je voulais absolument que papa soit mort pour que j’aie davantage de crème à la vanille, je trouvais qu’il en prenait trop.
— Oh ! mais c’est horrible ! Tu es un affreux enfant ! Jamais je n’aurais cru cela de toi ! Ce sont des péchés terribles, une pensée de Caïn, gourmandise en plus !
— Non, maman, tu te trompes : papa n’est pas mon frère et je ne voulais pas le tuer, oh ! non, mais seulement qu’il ne soit plus là, le jour de la crême.
— Je vois que tu as grand besoin de blanchir ton âme. Tu écriras tous ces péchés et j’espère qu’avec un sincère repentir, tu auras l’absolution.