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marthe fiel

pour passer mon doigt dans le pot… Cela marquera bien… La groseille est trop pâle et ne donne rien… Alors, maman, veux-tu me donner un pot de cassis ?… Ce que je n’userai pas, servira pour mon dessert… Tu vois que je suis gentil !

Mme Bompel essaya d’une réprimande, mais elle comprit rapidement qu’elle ne la faisait pas avec conviction. Ce que Nil présentait avec tant de sincérité prouvait sa bonne foi. Cependant, il ne fallait pas lui laisser autant d’indépendance.

— Je te donnerai une demi-cuillerée de cassis pour ta peinture, mais tu n’auras pas le restant du pot. Il faut que tu sois puni, pour être allé dans le placard sans permission.

— Tu étais sortie, maman !

— Il fallait attendre mon retour…

— Et je n’aurais rien fait, durant toute la journée ?

— Tu aurais trouvé une autre occupation… enfin tu m’as désobéi… et tu sais ce qui arrive ? je t’ai raconté la lamentable histoire d’Adam et d’Ève…

— Oui, mes arrière-grands-parents…

— Justement… tu te souviens de leur désobéissance ?

— Oui, ils ont mangé un arbre, et le Bon Dieu les a chassés du paradis.

— Ils ont mangé du fruit de cet arbre que le Bon Dieu avait défendu de toucher…

— Oui, ils n’ont pas réfléchi, murmura Nil.

— Et toi, as-tu réfléchi, en allant au placard pour glisser ton doigt dans un pot de confitures ? Je suis sûre que tu l’as léché !

— Ça, non !… je n’ai rien mangé.

— Aussi, je ne te chasse pas du paradis.