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marthe fiel

Il y eut échange d’amabilités.

Un après-midi, le chauffeur, qui partait en maraude, dit à Nil :

« Je vais du côté de vot’collège… montez près de moi, mon jeune prince… »

Guétard, de loin, vit le manège et il échangea un coup d’œil avec le chauffeur.

Nil accepta, mais au lieu de se placer à côté du conducteur, il préféra se prélasser sur la banquette du fond. Le chauffeur, éberlué, se retournait pour le contempler de temps à autre, et il le voyait, un bras nonchalamment appuyé sur l’accotoir, et le regard errant avec indifférence sur les passants.

En arrivant au collège, Nil eut une ovation, quand on le vit descendre de sa voiture. Il n’en éprouva nul orgueil, parce qu’à cinq ans on est encore simple. D’ailleurs son âme ne connaissait pas l’ostentation. Toutes les circonstances de la vie lui paraissaient naturelles.

Il dit à « son » chauffeur :

« À une autre fois ! »

Puis, sans autre manifestation, il franchit la porte du collège.

Cette aubaine lui arriva quelques fois, et ce jour-là, il bénéficia du taxi pour le retour, le chauffeur l’ayant « cueilli » à la sortie des classes.

Il expliqua son cas à sa mère. La première surprise de Mme Bompel était passée, car elle se rappelait avoir été prévenue par le frotteur Guétard. Cependant, elle ne savait comment accepter cette nouvelle fantaisie ? Devait-elle interdire ou devait-elle tolérer ?