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l’élève bompel

du goûter, en train de deviser joyeusement, alors que lui était en proie aux affres d’une mort aussi proche qu’horrible.

Il se tordit les mains de désespoir et, pour la première fois, il invoqua Dieu de son propre élan. Alors il se rappela tous les péchés qui assombrissaient sa conscience et il frémit à la pensée que Dieu lui en tiendrait compte et que ce serait sa punition de mourir là, seul, brûlé, sans que personne s’en aperçût.

« Maman » ! cria-t-il dans un hurlement désespéré.

À ce moment même, une voix troua la paix que le crépitement des flammes troublait.

Puis des exclamations suivirent et tous les invités se ruèrent vers le bâtiment embrasé.

Legrise, qui tournait comme un toton dans la man­sarde brûlante, se montra à la fenêtre.

Des cris d’horreur le saluèrent et des femmes couvrirent leur visage de leurs mains pour ne pas voir l’écroulement du jeune garçon dans le brasier.

Legrise criait, et sa voix devenait rauque et sans force. Un homme apporta une échelle et l’appuya contre le mur alors que les flammes montaient tou­jours plus haut.

— Descends ! N’aie pas peur ! lui cria son père.

Louis ne savait plus ce qu’il faisait. Son cerveau percevait à peine ce qu’on lui conseillait. Les gestes tremblants, les yeux brouillés par les larmes et la fumée, l’épouvante qui le paralysait le transformaient en un être sans énergie.

Cependant, l’instinct de la conservation fut le plus fort, quand il sentit sous ses pieds une chaleur plus violente. Affolé de terreur, il enjamba la fenêtre, et chercha du pied le premier barreau de l’échelle.