— Je comprends maintenant ta manœuvre… Tu oserais mentir de cette façon-là ?
— Tu crois que cela me gênerait ? Rien que pour voir la tête que feraient tes parents, cela m’amuserait de le dire… Toi, sans doute, tu comptais raconter que tu m’avais sauvé la vie en me repêchant ! eh ! bien tu seras floué, mon vieux !
Nil vivait une mauvaise heure. La déclaration imprévue de Legrise le déconcertait et il se demandait comment il sortirait de cette accusation.
Ses parents le croiraient, mais les autres ? Quelle tristesse d’avoir un tel camarade…
Cependant, Nil se reprit. Il avait confiance en la Providence et se dit que Dieu arrangerait les choses.
Il répondit donc avec sang-froid à Legrise :
— Au lieu de dire des sottises, tu ferais mieux de changer de vêtements… Tu vas te refroidir, le vent devient frais.
Étonné de cette préoccupation à son sujet, Legrise fut quelque peu désarçonné. Sans un mot, il suivit Nil qui s’acheminait vers la maison.
Soudain, il s’arrêta pour dire :
— Dis donc, Bompel, je ne parlerai de rien du tout si tu veux me donner ton cochon d’Inde ?
Nil se retourna, comme s’il avait été piqué par un aspic.
— Mon cochon d’Inde ! cria-t-il, jamais !
Il était outré par cette proposition qu’il qualifiait de chantage. Il n’achèterait pas le silence de Legrise à ce prix ! D’abord, sa conscience ne lui reprochait rien, et si Legrise voulait le diffamer, libre à lui ! Mais certainement, il ne céderait pas. Il trouvait ces moyens honteux. De plus, il ne livrerait pas à un tyran, un