Page:Fiel - L'élève Bompel, 1947.pdf/12

Cette page a été validée par deux contributeurs.
10
marthe fiel

— Écoute… je vais te chanter une belle chanson, pendant que tu frotteras.

Nil avait une voix juste. Il retenait tous les airs qu’il entendait et il entonna la « Marseillaise » sans paroles. Guétard, entraîné, l’imita.

Nil s’arrêta, le regarda d’un air sévère :

— Ta voix est trop grosse, et tu ne chantes pas le bon air… Tais-toi ! laisse-moi chanter… et toi, frotte !

Remis dans son chemin, Guétard n’ouvrit plus la bouche, tandis que Nil déroulait ses plus beaux airs en y plaçant des paroles de son invention. Il marchait de long en large, les mains derrière le dos.

Cet après-midi-là, cet exercice lui donna faim plus tôt que d’habitude. Il demanda à sa maman :

— Dans combien de temps aurai-je ma tartine ?

— À 4 heures… Tu vois la pendule ? quand la petite aiguille sera sur le chiffre 4, tu auras ton goûter…

Nil regardait la pendule. Sa mère sortit de la pièce et, tranquillement, il approcha une chaise de la cheminée et, délicatement, de son doigt léger, il glissa l’aiguille sur le chiffre voulu.

Mme Bompel rentra dans la pièce et Nil lui dit :

— Maman, l’aiguille est sur l’heure du goûter…

Étonnée, sa mère jeta un coup d’œil sur la pendule et constata le fait. Elle ne comprit pas tout d’abord, et quand elle eut deviné le mystère, elle ne put s’empêcher de rire…

— Oh ! Nil… tu as triché !

— Qu’est-ce que cela veut dire, tricher ?

— C’est avancer les aiguilles d’une pendule.

— Ah !

Mme Bompel n’entreprit pas d’expliquer plus longuement sa pensée sur l’ordre du temps, et elle se