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l’élève bompel

À vrai dire, il connaissait peu le fils de son ami. Lui-même, ayant des fils, parfois indisciplinés, mais avec de bons petits cœurs d’enfants, il jugeait les fils des autres comme les siens. Pour ce qu’il savait de Nil, il estimait qu’il se montrait un jeune garçon assez rare, et il eût été heureux qu’il fréquentât plus assidûment ses enfants, mais devant la ténacité de Nil pour son travail, il ne pouvait que l’admirer.

Nil ignorait que M. Ladoume et M. Legrise se connaissaient, aussi fut-il désagréablement surpris quand sa mère lui dit un soir au dîner :

— Je crains que ce jeune Legrise n’apporte un peu de trouble dans l’entente de tous ces garçons…

Elle parlait ainsi, pour son mari, qui lui avait annoncé la prochaine venue des invités.

Nil s’exclama :

— Legrise va venir ici ?

— Oui, répliqua son père. M. Ladoume est un vieil ami d’enfance de M. Legrise. Ce dernier est un homme charmant, sans l’ombre de méchanceté. Sa femme m’a paru une brave personne, un peu crédule, et je ne sais de quelle ascendance ton camarade a hérité ses mauvais penchants dont ses parents sont incapables…

Nil ne riposta pas. Legrise ne le gênerait pas, puisque lui ne se mêlerait pas davantage aux jeux de ses voisins. Il y aurait un jeudi, et peut-être un dimanche, à passer avec lui, mais deux jours glissent vite. Son camarade turbulent préférerait sans doute la compagnie des Ladoume.

Ainsi rasséréné, Nil ne pensa plus à l’arrivée de Legrise.