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marthe fiel

Les raisonnements qu’on tenait à Nil sur ce sujet ne le touchaient pas, et il demandait chaque jour qu’on le laissât aller sans mentor.

Naturellement, on n’était pas ému par ses réclamations.

Nil était si affecté qu’on ne crût pas à ses facultés d’orientation et de prudence, que l’on trouva un moyen de le satisfaire, tout en se tranquillisant : le frotteur qui l’accompagnait eut pour mission de le surveiller tout en se dissimulant, c’est-à-dire que l’homme se cachait à un coin de rue, et dès que l’enfant tournait à un autre coin, il se hâtait de façon à le suivre des yeux. Quand la rue était un peu longue, le brave homme s’abritait derrière une autre personne. Ce manège manquait de commodité, mais il l’amusait beaucoup.

Cependant, un jour, le bambin s’aperçut du stratagème et, comme il était vif, il courut sur celui qui le surveillait et ses petits bras potelés lui administrèrent force coups, à la grande joie des passants. Nil criait :

— Je ne veux pas que tu me conduises !

— Vous vous perdrez…

— Je connais le chemin…

— Vous vous ferez écraser en traversant les rues !

— Je ne suis pas si bête.

Ce dialogue s’échangeait, alors que les petits poings tombaient dru sur le frotteur, qui simulait la souffrance en criant : « Aïe ! oh ! aïe ! oh ! là là… » Quand le petit bonhomme crut avoir maté sa victime, il reprit paisiblement le chemin du collège, en se retournant pour voir s’il était enfin débarrassé de son compagnon.

Par chance, ce dernier avait reconnu, parmi les passants, une dame, amie de Mme Bompel, qui, très