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que je croyais pauvre. Cela me rachète beaucoup à mes propres yeux.

Nous nous promenâmes assez tard, et les personnes qui nous croisaient maintenant, purent lire cette fois sur nos traits le changement heureux de notre sort.

Quand je rentrai à Lyon, je n’oubliai pas la famille que j’avais secourue. La jeune mère que m’avait signalée l’abbé fut bientôt tout à fait en confiance avec moi. Elle m’apprit un jour qu’elle avait eu naguère une situation aisée et que sa misère actuelle était due à un aigrefin qui avait trompé son mari sous les apparences les plus cordiales et les plus sympathiques. L’escroquerie avait été si bien camouflée qu’il n’y avait pu avoir aucun recours de justice.

Cet escroc s’appelait René Déflet.

En entendant ce nom, je réprimai un frisson. Encore une fois je remerciai Dieu de m’avoir sauvée d’une telle union. J’aurais été prise comme un pauvre oiseau dans le piège.

Je me réservai de raconter plus tard cet épisode à mon mari.

Quand je revis Pauline, nous eûmes bien des confidences à nous faire, où le rire s’alliait aux paroles. Je la félicitai de son discernement car c’était elle qui, tout d’abord, avait jugé que M. Chaplène était celui qu’il me fallait.

Elle était radieuse parce que la date de son mariage était fixée. Je ne l’étais pas moins parce que la date du mien était proche.

Enfin je descendis au bras de mon époux, la

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