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— Vous !

Il recula de quelques pas et me contempla avec stupéfaction.

— Ne me foudroyez pas. Lorsque vous avez refusé ma main, je n’ai pas insisté, vous le savez. Et si nous nous sommes rencontrés ici, je n’y suis pour rien, c’est qu’il a plu à la Providence de nous réunir. Ne croyez-vous pas qu’elle nous a bien conduits ?

Sa surprise n’était pas encore atténuée et je commençais à me demander quel dénouement aurait cette situation.

Il faut croire que j’avais de bons atouts dans mon jeu, car il me saisit dans ses bras en disant tendrement :

— Chère Ila, j’aurais mauvaise grâce à vous faire grief de vos avances qui ne peuvent que me flatter. J’aurais dû, lorsqu’elle me furent faites, agir avec plus de circonspection. On ne repousse pas brutalement un don de cette sorte. Je ne parle pas de l’argent, mais de l’amour.

Je commençais à mieux respirer. Je regardai Gustave avec confiance.

— Maintenant vous allez m’apprendre comment vous êtes arrivée à me remarquer.

Ce fut volontiers que je lui narrai l’origine de mon amour, la conversation que j’avais surprise, ma richesse inattendue, source de mes espoirs et aussi génératrice de mon audace. En somme, tout se tenait admirablement et se montrait d’un équilibre parfait.

Gustave m’écoutait, très intéressé.

— Ce qui me plaît dans cette belle histoire, conclut-il, c’est que je n’ai pas voulu de la jeune fille riche que je connaissais pas et que j’ai aimé celle

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