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tête à tête, Pauline et moi, dans mon petit studio si accueillant, auprès d’un bon feu de bois.

— Je vous vois contente de votre sort, répliqua mon interlocuteur, légèrement réticent.

— N’est-ce pas sage et heureux de l’être ?

— Sans doute, murmura-t-il laconiquement.

Il y eut un silence. Puis, la question que j’attendais jaillit de ses lèvres.

— N’avez-vous jamais pensé au mariage ?

Je rétorquai avec assez de calme.

— Une jeune fille conserve toujours cet espoir au cœur. Il embellit ses jours car elle imagine un mari selon ses goûts.

— Oui, le Prince Charmant, mais avouons que c’est rare.

— Non, quand le rêve ne s’égare pas. Il faut appeler le bon sens à soi.

— Nous autres, jeunes hommes, nous rêvons aussi et nous voudrions épouser celle qui nous plaît. Malheureusement, il nous faut obéir parfois à des considérations très positives, en qualité de futur chef de famille. Ainsi, j’ai promis à mes parents de ne me marier qu’avec une jeune fille ayant de la fortune, afin de fonder une famille où l’éducation pourra être la même que celle que j’ai reçue et qui… dont…

Je n’écoutais plus. D’ailleurs, le cher garçon bafouillait piteusement et ce qu’il disait manquait totalement de logique. Une seule chose se dégageait nettement de ce beau pathos : c’est que, ne voulant pas déroger aux fameux principes qui le conduisaient, Gustave Chaplène sous-entendait loyalement qu’il ne fallait absolument pas que je compte sur lui pour convoler en justes noces. J’étais sans argent, défaut primordial de ma part.

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