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Après le repas je restai indécise, me demandant quel parti prendre. Sortir en feignant d’ignorer monsieur Chaplène, ou attendre quelque manifestation de sa part ?

Je n’eus pas à m’interroger bien longtemps. L’objet de mes pensées s’approchait de moi.

— Bonjour mademoiselle. Avez-vous passé un bon après-midi ?

— Excellent, monsieur, je vous remercie.

— Ne vous êtes-vous pas trop fatiguée ?

— Oh ! l’habitude supprime la lassitude.

— Ce n’est pas là une théorie de paresseuse, remarqua monsieur Chaplène en riant.

— Je la maintiens… Je finis par travailler machinalement. Ma pensée court et la mienne est sereine.

— Cela prouve une conscience claire.

Hum ! Ma conscience me reprochait bien un peu d’induire mon héros en erreur sur ma personnalité. De temps à autre, un remords m’effleurait ; mais qui ne prendrait ma défense et celle de toutes les jeunes filles placées dans le même cas que moi ? Il fallait bien démontrer à ce jeune homme, imbu d’idées préconçues, que l’argent ne remplace pas certaines qualités.

Tout en bavardant, nous avions gagné la terrasse.

Le soleil se couchait avec majesté et ses rayons auréolaient le ciel de flèches grandioses. Des hirondelles zébraient l’air avec de petits cris d’appel. Des éphémères tournoyaient.

— Voulez-vous une chaise, mademoiselle ?

— Non, merci, je n’y tiens pas. J’aimerais mieux me dégourdir un peu les jambes.

— C’est juste. Un peu de marche vous sera salu-

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