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une beauté ». Je redescendais gaiement quand, je ne sais comment cela se fit, mon talon s’accrocha à l’avant-dernière marche de l’escalier et, la tête en avant, je fonçai dans le vide.

En une seconde, la frayeur me glaça. Je pressentis que j’allais tomber de tout mon long et j’appréhendais la douleur que j’allais éprouver. Bien qu’une chute soit toujours rapide, on a malheureusement toujours le temps de penser à ce qui arrivera si le secours ne se manifeste pas à temps.

Mon étoile triompha. Je tombai sur une mâle poitrine. Deux bras puissants s’ouvrirent pour me recueillir et, si je fus ébranlée et à demi inconsciente, je ne me fis aucun mal sérieux.

Quand je me dégageai de ces bras masculins et que je regardai mon sauveur, je reconnus Gustave Chaplène. Nous étions entourés d’un groupe compatissant. Je balbutiai :

— Merci, monsieur et excusez-moi…

— Ne vous êtes-vous pas fait mal ?

— Nullement ! Mais que serais-je devenue sans vous ! Je suis tombée comme un bolide…

— C’était à se casser la tête, fit une voix.

— J’ai vu une de ces chutes… reprit une autre.

Et le récit d’une histoire dramatique s’amorça, tandis que monsieur Chaplène continuait :

— Je me suis demandé ce qui m’arrivait. Je suis fort heureux de vous avoir préservée d’un accident sérieux. Ne sentez-vous vraiment aucune douleur ? Il serait peut-être raisonnable de voir un docteur.

— Je ne crois pas que ce soit utile. Je suis un peu courbatue pour l’instant, mais, après déjeu-

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