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— Jusqu’à présent, je n’ai pas lieu de douter de vous.

— Ce n’est pas tout à fait la réponse que j’attendais de votre amour, mais vous allez me comprendre. Voici : dans la maison à laquelle je suis associé, presque tous les capitaux me sont confiés parce que j’ai l’instinct des meilleurs placements. Ne croyez pas que je parle ainsi par orgueil. Je suis simplement heureux de constater le merveilleux essor que je donne aux sommes que l’on remet entre mes mains. Cela tient du prodige… vous en aurez la confirmation dès que vous voudrez.

J’eus assez de maîtrise et de fausse candeur pour interroger :

— En quoi faisant ? En vous remettant un certain capital ?

— Vous l’avez deviné ! murmura-t-il en voilant l’éclat de son triomphe.

Heureusement que j’avais été miraculeusement prévenue. Je frémis en songeant que j’aurais pu me laisser prendre à ce piège grossier.

Je poursuivis avec une naïveté qui frisait la bêtise :

— J’y penserai très certainement, car il est toujours agréable de voir sa fortune fructifier. Je serai ravie de mettre votre habileté à l’épreuve.

— Merci, vous ne serez pas déçue !

Et il me jeta un coup d’œil chargé d’amoureuse reconnaissance.

— Savez-vous, poursuivis-je, que je jouis de mon dernier jour de liberté complète ? Je ne serai plus seule longtemps. J’ai précédé à Aix mes deux oncles et je viens de retenir leurs chambres. Il se pourrait aussi que mon tuteur les rejoignît ces jours-ci. Il est inspecteur des Finances et, très occupé, n’a pu

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