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nomie était radieuse, ses yeux plus étincelants que jamais. Il s’écria, faisant la roue :

— Ah ! que le temps m’a semblé long ! Je croyais que cette matinée n’arriverait jamais. Je doutais de la belle, trop belle réalité. Maintenant, je vous vois et je suis rassuré. L’homme a du mal à croire au bonheur. Chère Ila, avez-vous pensé à moi ?

Je minaudai :

— Quelle indiscrétion ! Ménagez un peu ma délicatesse, ma pudeur… Oui, j’ai fort bien dormi, je n’ai pas rêvé et je me suis réveillée tard.

— Moi aussi, reprit l’hypocrite, je me suis levé moins tôt que d’habitude. Généralement, j’aime sortir le matin, à l’heure où tout est frais et neuf, où la rosée brille comme des diamants. Mais aujourd’hui, j’ai tout oublié dans un rêve unique, vous, vous, Ila…

— Quel lyrisme ! m’exclamai-je avec gaieté.

— Comment n’en pas avoir quand on est en face de vous ? Mais je ne veux pas effaroucher votre modestie. Voulez-vous venir faire une excursion cet après-midi, aller à la colline de la Chambotte, par exemple, d’où le panorama est merveilleux ?

Je fis la moue. J’étais décidée à ne plus me promener avec cet escroc au mariage et je cherchais une raison valable que je ne trouvais pas.

Devant mon hésitation, René Déflet poursuivit :

— Une autre splendide promenade, c’est celle du mont du Revard. Vous voyez le lac d’un côté, Aix de l’autre. Je ne peux vous exprimer à quel point c’est merveilleux.

— Faut-il prendre le téléférique ?

— Oui.

— Alors, j’y renonce. Me sentir suspendue dans

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