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en guise de compensation. J’allais m’en expliquer avec elle, quand elle murmura, les bras ballants :

— Je ne sais si j’oserai…

— Oser quoi ?

— Que mademoiselle me pardonne d’avance ! Je vais lui faire de la peine. Pourtant, je dois le dire.

— Dites, Sidonie, dites ce que vous avez à dire, et vite !

Il y eut encore un instant d’hésitation, puis, d’une voix assurée, la soubrette parla :

— Eh bien ! voilà, mon promis a trouvé dans l’ascenseur une lettre que quelqu’un avait laissé tomber. L’enveloppe n’était pas collée, l’adresse pas complète.

Je n’interrompis pas Sidonie parce qu’elle m’intéressait trop. Une sorte de pressentiment m’avertissait qu’il s’agissait là de la lettre écrite par René à son ami, lettre dont j’avais entendu parler à l’aube et que j’aurais tant désiré avoir entre les mains.

Cependant, Sidonie continuait :

— Pour rendre la lettre, il fallait bien savoir qui l’avait écrite puisque plusieurs messieurs avaient pris l’ascenseur. Alors mon promis l’a ouverte. Il a regardé la signature et il aurait tout rendu tout de suite s’il n’avait pas vu votre nom sur la dernière page. Alors, ma foi, la curiosité a été la plus forte. Il a tout lu, et il a été tellement retourné par ce qu’il avait lu qu’il m’a chargée de vous remettre la lettre en question. La voilà !

Sidonie me tendit une enveloppe froissée.

Je tenais dans mes mains, comme je l’avais souhaité, l’objet de mes désirs. J’étais calme en apparence, mais, intérieurement, mon cœur battait à tout rompre. Allais-je à une deuxième déception ?

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