Page:Fiel - Coups de foudre, 1947.pdf/45

Cette page a été validée par deux contributeurs.

prétentions. La mère d’Amédée survint et dit sévèrement :

— Amédée ! Viens tout de suite.

Et, se tournant vers moi, elle ajouta :

— Je vous demande pardon, madame. Mon fils est très indiscret. Nous prenons le train dans une heure et…

— Madame ! C’est une madame ! s’écria Amédée, coupant la parole à sa mère.

Il éclata en sanglots.

— Qu’as-tu donc ?

J’expliquai alors à la jeune maman que je venais de recevoir une demande en mariage de la part de son fils. En me croyant une dame, que je n’étais pas, d’ailleurs, il éprouvait sa première déception d’amour.

Cette confidence nous rapprocha et nous nous quittâmes, sinon en amies, du moins bien disposées l’une envers l’autre,

Sur la promesse hypocrite que je fis à mon jeune fiancé d’aller le voir dans sa famille, nous nous dîmes au revoir sans trop d’émotion.

Jour après jour, mon indépendance croissait et ma confiance en moi augmentait. Quand je m’asseyais devant ma table, mes gestes étaient plus larges et mon regard plus calme. J’inspectais la salle d’un coup d’œil et je dénombrais les nouveaux venus.

Ce jour-là, je fus attirée par le magnétisme de deux yeux noirs qui s’attachaient sur moi, avec une attention gênante.

Je n’avais aucune expérience des différentes expressions que peut prendre un visage masculin, et

— 43 —