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Je trouvai Sidonie digne d’intérêt et je lui donnai un petit appoint pour le fameux carnet.

— Mademoiselle est très gentille, s’exclama-t-elle en reprenant le ton protocolaire. Que mademoiselle n’hésite pas à me sonner aussitôt qu’elle aura besoin de moi !

Elle disparut. J’avais une amie et peut-être aussi un ami dans le promis, garçon d’ascenseur. Je n’étais plus seule.

Je me couchai, mais le bourdonnement du train résonnait encore à mes oreilles, et je fus assez longue à m’endormir. Ce brusque dépaysement me semblait anormal. Je me demandais même ce que j’étais venue faire dans ces parages. Peut-être imiterai-je Sidonie et ramènerai-je un promis ? Enfin, mes idées devinrent confuses ; le bourdonnement cessa et je tombai dans un sommeil de plomb.


Quel beau réveil ! Le soleil flamboyait sur les montagnes. L’air était exquis, le ciel bleu. L’allégresse s’empara de moi. Je me sentis un appétit d’ogre, mais j’attendis mon déjeuner sans oser sonner.

La timidité me paralysait encore à tel point que j’avais peur de « déranger ». Une voix intérieure, pleine d’audace, me soufflait : « Ne donnes-tu pas ici ce qu’il faut pour assurer ton gîte, ta nourriture et ton service ? Perds un peu ces manières ridicules… ». Mais, ces manières-là je ne pouvais les perdre subitement. Il me fallait un peu d’entraînement.

Je me levai et fis ma toilette. Je terminais à peine que Sidonie s’annonça, porteuse d’un plateau des mieux garnis.

— Mademoiselle a bien dormi ?

— À merveille.

— Le déjeuner sera-t-il du goût de mademoiselle ?

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