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— Je suppose, reprit Pauline, que cette aventure ne vous empêchera pas de passer d’excellentes vacances ?

Ce mot de « vacances » me fit sursauter. Je n’avais pas quitté Lyon depuis mon enfance et une telle idée me prenait au dépourvu.

— Où irez vous ? demanda mon amie.

— Je l’ignore totalement mais j’espère bien que vous viendrez avec moi.

Elle secoua la tête et répondit :

— Merci Ila… mais je ne puis accepter. Il y a des années que mes moindres congés sont réservés aux parents de mon fiancé, qui possèdent une grande propriété en Touraine. Ils me considèrent déjà comme leur fille et ils seraient désolés que je leur fasse faux bond.

Je n’insistai pas. Je comprenais parfaitement les raisons de Pauline et je l’enviai d’avoir devant elle un avenir tout tracé. Elle n’avait plus à se préoccuper du choix d’un mari et je trouvais à cela une sécurité incomparable.

Les jours suivants, je pensai moins à ma déception amoureuse qu’à mon prochain voyage. Pauline m’avait fourni là un fameux dérivatif. J’avais du temps devant moi. Nous étions en mai et il fallait laisser tomber les giboulées. Je pensai que le milieu de juin serait la saison idéale pour planter ma tente dans un site inconnu. Cela me parut bizarre d’abord de songer que j’abandonnerais mon studio, que je séjournerais seule dans un hôtel ! Mais quel aurait été l’avantage d’être millionnaire si j’étais demeurée dans mon coin comme une petite souris effarouchée ?

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