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— Nous aurions pu trouver mieux. Nous avons vraiment par trop manqué d’esprit.

— Ne regrettons rien. Pensons qu’il y a une Force qui nous conduit.

— Nous avons agi comme des sottes et votre fameuse Force nous a laissé patauger. J’ai perdu ma belle confiance en moi. Jusqu’ici je croyais en mon étoile. Maintenant, c’est fini…

Pauline soupira.

— L’étoile est toujours là ! Un nuage a passé devant elle, et c’est tout. Vous pensiez donc que tout désormais allait vous réussir et que vous n’aviez qu’à lever un doigt pour que tout vous obéisse ? Ce serait trop facile. La vie est une lutte.

J’éclatai en sanglots.

— Ne me sermonnez pas ! Vous ne voyez donc pas que j’étouffe de honte. J’aimerais mieux être écrasée par… par un iceberg.

— C’est cela, redevenez aspirante nordique. Je ne vois vraiment pas pourquoi vous vous énervez. Je n’ai même pas dit à mon chef que vous faisiez partie du personnel.

Ces paroles me rassurèrent. Si j’en croyais Pauline, je conservais une réputation impeccable. Au lieu de devenir l’époux rêvé, M. Chaplène n’avait plus qu’à prendre place parmi les inconnus détestés.

Cependant ma déception était vive et je ne savais lequel était le plus atteint de mon amour-propre ou de mon cœur. Sans doute avais-je été stupide de m’éprendre d’un jeune homme sans le connaître, mais n’est-ce pas la caractéristique du coup de foudre ? La vie nous réserve quelquefois de ces surprises pour nous donner ensuite des leçons moralisatrices, et, en effet, ma présomption recevait là une bonne semonce.

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