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cinéma !… cinéma !…

jamais pensé de moi. Vous avez un sourire si char­mant et des yeux si expressifs, que maintenant, j’ai peur qu’on ne vous enlève à moi !

Le « sourire si charmant » et les « yeux expres­sifs » allèrent vers Henri qui fut persuadé que sa fiancée n’avait jamais eu d’autre pensée que son amour pour lui. Mais il voulait la confirmation de cette certitude et il brûlait de lui poser une question qu’il n’osait formuler : avait-elle aimé quelqu’un avant lui ? Cette idée le tourmentait, alors que Clau­dine s’affolait devant ces conversations où elle voyait un interrogatoire direct sur son passé.

Demandait-elle à Henri quels avaient été ses flirts ou ses coups de foudre ? Elle eût désiré qu’il usât de la même discrétion. Elle était si tranquille alors qu’il se contentait d’entretiens superficiels ! Allait-elle être empoisonnée par les soupçons ? Elle essayait de prendre ces paroles en riant, mais elles la hantaient aussitôt qu’elle était livrée à elle-même. Un jour elle dit à son fiancé d’un air sérieux qui en imposa à celui-ci :

— Je vous assure que mon cœur n’a pas battu pour un autre que pour vous.

C’était la vérité. Claudine n’avait pas aimé Laroste et encore moins Mase. Si elle avait éprouvé quelque attrait pour Laroste, c’était plutôt une sympathie de camarades. Elle se sentait fort inférieure à lui, sur­tout quand elle s’était vue chez lui, avec cette impres­sion de confort qu’elle ignorait.

Elle s’était imaginé un moment qu’il l’aimait parce qu’il avait été aimable envers elle. La fréquentation du cinéma la conduisait à l’erreur.

Cependant, malgré son tourment, elle croyait fer­mement que son fiancé n’aurait jamais vent de ces choses. Ce qu’elle comprenait moins, c’est que La­roste, si bien élevé, l’avait invitée en compagnie de Mase, de Coralie et d’autres du même genre.

Maintenant que l’auréole du cinéma ne nimbait