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cinéma !… cinéma !…

leurs visages et Claudine constatait ce changement avec joie.

Elle faisait un retour sur elle. Continuerait-elle à nourrir des idées extravagantes, ou resterait-elle la jeune fille simple qu’on lui demandait d’être ? Serait-elle punie, elle aussi, pour le chagrin qu’elle cause­rait à ses parents par ses tendances un peu folles ?

Pendant de longs jours, elle se morigéna. Son deuil lui interdisait le cinéma, et, sans se l’avouer, elle en prenait l’horreur parce qu’il avait été fatal à Maxime.

Il avait failli la détourner, elle aussi, du bon sens et elle se demandait ce qui serait advenu d’elle.

Le mois de janvier passa dans la neige et le verglas, ce qui ne contribua pas à donner de la gaîté.

Pourtant M. et Mme Nitol ne paraissaient plus acca­blés. Une douceur accompagnait leurs paroles et leurs gestes, et Claudine notait ces symptômes avec ferveur. Cependant cela ne suffisait pas à lui donner une idée favorable de la vie.

Il lui manquait une distraction, ou plutôt un inté­rêt qui l’arrachât à cet enlisement, né des jours mé­lancoliques.

Dieu eut pitié d’elle. Au moment où elle s’y attendait le moins, une famille du quartier lui demanda d’être la marraine d’une petite fille.

Les Hervé étaient d’anciens négociants qui, après fortune faite, se contentaient d’être rentiers.

Leur fille, mariée, habitait avec eux, et c’est elle qui avait demandé Claudine pour marraine, car voyant souvent la jeune fille dans le quartier, elle avait été conquise par sa beauté et son sérieux.

Quoique ne se fréquentant pas beaucoup, M. et Mme Nitol avaient des rapports amicaux avec cette famille. Claudine fut réveillée de son engourdissement par cette future petite fête.

Elle trouvait sympathique la mère du bébé, qui l’avait beaucoup plainte le jour de leur grand deuil.