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cinéma !… cinéma !…

— Demain, tu auras réfléchi, lui répéta son père, et tu viendras avec moi avouer tes forfaits.

— Ne compte pas sur moi ! J’ai en perspective plu­sieurs affaires et je ne vendrai pas mes copains.

— Ah ! s’il n’était pas défendu de rendre justice ! soupira le pauvre M. Nitol.

Maxime ricana, car il avait compris le sens de cette phrase, et il gouailla :

— Eh ! tu as de beaux principes pour un honnête homme !

— Oh ! ne me bafoue pas ! Je suis au bord du dé­sespoir.

Mme Nitol gémit en disant :

— Arrêtez-vous de vous quereller et essayez de vous reposer.

— Me reposer ! cria M. Nitol, comment veux-tu que je le fasse en pensant que j’ai un fils cambrioleur !

Maxime, toujours tapi dans son coin, murmura :

— Vous êtes tout de même de braves gens contents de peu. Quand je revois ma chambre si modeste, je suis presque attendri ; mais si je suis devenu ce que je suis, c’est parce que vous avez vécu trop simple­ment. Quand je sortais de ces salles de cinéma, où je voyais la vie sous de si belles couleurs, l’envie me tenaillait d’avoir la semblable. Quelle chute quand je rentrais ici ! Si Claudine est franche, elle peut avouer les mêmes sentiments. Papa, en un mot, a été trop honnête.

— Tu me tortures, Maxime ! cria son père d’une voix rauque ; je ne peux plus t’entendre.

— Eh bien ! m’man a raison : il faut aller dormir ; on oublie tout quand on dort.

— Quand on peut dormir, murmura M. Nitol.

Sa femme l’entraîna. Elle vivait un calvaire, parce qu’aimant la paix, ses enfants provoquaient la guerre. Elle ne savait plus si elle vivait un cauchemar ou non. Elle allait, le corps insensible et le cœur à peine vivant. Elle n’avait pas assisté à toute la discussion