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cinéma !… cinéma !…

dénoncé. Jusqu’ici, tout allait on ne peut mieux : du travail en or ! Mais il suffit d’une étourderie pour que la poisse survienne ! On a raté son affaire, quoi ! Mais on s’en tirera ! Pourvu que je ne sois pas pincé, c’est là l’essentiel, mais ici on ne me soupçonnera pas. Je ne « travaille » pas sous mon nom, afin de ne pas vous causer d’ennuis. Tu vois, p’pa, je suis prudent.

Accablé, M. Nitol murmura :

— Comment as-tu pu en arriver là ?

— Que veux-tu ! nous, certains jeunes, nous avons des goûts que les parents ne comprennent pas. Tu me diras qu’on n’a qu’à travailler pour se faire une situa­tion ; mais pour deux qui arrivent, il y en a cent qui restent en panne ! Alors, cette centaine-là se « dé­brouille » ! On a de bonnes leçons avec les films po­liciers. Mais quelle vie merveilleuse mènent ces élé­gants risque-tout ! Aujourd’hui, je suis mal habillé à dessein, mais si tu pouvais me voir quand je vais dans le monde ! Tu serais fier de ton fils : habit impeccable, fleur à la boutonnière, clous de diamant au plas­tron.

— Tais-toi ! cria M. Nitol en faisant le geste de lan­cer un coup de poing dans la figure de Maxime.

— Du calme, p’pa ! Cela n’arrangera rien que tu m’abîmes.

— Ton insolence me rend fou.

— Il ne faut pas avoir de nerfs. Laisse cela aux femmes, bien qu’il y en ait d’épatantes. Il y en a une notamment qui fait partie de notre bande et qui n’a pas sa pareille pour subtiliser un portefeuille. Quel art !

— Tais-toi, tu me fais horreur ! Ah ! qu’ai-je fait pour avoir un enfant pareil ?

— Tu ne devrais pas te plaindre ! Je ne te coûte pas un sou et j’amasse un magot.

— Un magot ! Et de quelle provenance !

— Soyons sérieux : crois-tu que ceux qui sont mil­liardaires ne le sont pas sur le dos de leur prochain ?