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cinéma !… cinéma !…

s’échappa. Elle reprit sa place dans un fauteuil en face de l’écran et, frémissante de plaisir, elle atten­dit l’action. Elle fut soulevée d’enthousiasme. Ah ! quelle joie de se retrouver dans cette atmosphère entraînante où les choses sérieuses se dénouaient si facilement, où l’amour était un bouquet de fleurs odo­rantes, sans aucune complication.

Un seul regard, et on se liait pour la vie, sans pa­rents inquiets, sans tante Logone sermonneuse. On s’en allait seule et libre !

Oui, mais on se trompait aussi. On connaissait des Jacques Laroste qui vous éconduisaient poliment, on se rejetait sur des Louis Mase qui avaient une Coralie qui s’accrochait en attendant les jours fastes. Mais ces échecs ne comptaient pas. Il fallait persévé­rer jusqu’à ce que l’on tînt la belle corde, celle qui ouvrait le paradis du luxe.

Claudine était toute revigorée. Sa jeunesse exultait et sa grâce naturelle s’en trouva amplifiée.

C’est ce que remarqua un monsieur assis près d’elle ; oh ! un voisin qui paraissait de tout repos, moustache grise comme les cheveux, un aspect très cordial.

Il regardait Claudine à la dérobée et semblait s’amuser de son enthousiasme. Il devinait en elle la jeune fille, grisée par ce qu’elle voyait, par ce qu’elle espérait surtout. Et, pendant l’entracte, sûr de ne pas commettre d’erreur, il lui dit :

— C’est une pièce fascinante ; tout est luxueux et paraît si simple ! Pour arriver à jouir de cette exis­tence, il ne tient qu’à vous, Mademoiselle.

Claudine regarda son voisin de ses yeux ingénus.

Leur interrogation muette enhardit l’inconnu :

— Je puis vous offrir tout cela, dit-il franchement.

— Ah ! vous êtes donc bien riche ?

Il sourit un peu et répliqua :

— Je puis me permettre de vous donner tout ce confort.