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cinéma !… cinéma !…

— Dois-je aller au-devant d’elle ?

La mère trembla. Elle craignait que son mari ne trouvât pas Claudine chez la couturière. Depuis quel­ques minutes, elle était convaincue que Claudine n’avait pas paru à l’atelier.

Quel drame allait survenir ? Son cœur de mère vou­lait cacher la conduite de sa fille. Elle répondit donc avec le plus d’aisance qu’elle put :

— Oh ! ne te fatigue pas ! Ce n’est pas la première fois que Claudine rentre tard. Il fait si mauvais dehors, ne risque pas de t’enrhumer. Tu entends la pluie qui clapote et le vent qui gémit ?

— J’entends tout cela, mais je te vois plus agitée que d’habitude, et c’est ce qui me tourmente.

Mme Nitol essaya de sourire en disant :

— Tu m’as toujours vue influencée par la tempé­rature. Quand j’entends la plainte du vent de cet au­tomne sinistre, mes idées sont au noir et mon phy­sique s’en ressent. J’ai mal à la tête, j’ai l’estomac serré et je ne puis plus sourire. Ne m’en veut pas, mon ami.

Des sanglots roulaient dans la voix chavirée de la pauvre mère.

À ce moment, des pas martelèrent l’escalier, le pa­lier. C’était des pas lents, parce que tante Logone ne marchait pas rapidement. C’est alors que saisie d’une nouvelle appréhension, Mme Nitol, dans une peur qu’on ne lui rapportât sa fille blessée, ouvrit la porte d’entrée pour se trouver en face des deux arri­vantes.

— J’ai eu une surprise, dit tout de suite tante Philogone. Cette enfant a eu l’idée de venir me voir, sous prétexte que sa patronne lui a donné une commande à porter près de chez moi.

— Et nous, pendant ce temps, nous entassions les idées les plus malsaines pour notre tranquillité ! dit M. Nitol presque joyeusement, tellement il était sou­lagé.