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cinéma !… cinéma !…

Claudine écoutait, perplexe.

Philogone dit après un moment :

— Maintenant, je vais te reconduire chez tes pa­rents.

— Oh ! vous me chassez aussi ! cria Claudine en sanglotant.

— Il ne s’agit pas de cela ! Je suis consternée de savoir ta pauvre mère inquiète ; elle guette ton pas, et à chaque bruit qu’elle entend à la porte d’entrée, elle croit que c’est toi. Ton père est calme, mais il n’en souffre pas moins, parce qu’il a peur pour sa petite fille. Nous devons aller les rassurer sans tarder, Un peu de courage, ma chérie ; ils seront si contents de te revoir, tu seras embrassée et pas du tout gron­dée.

Claudine parut moins sombre. La pensée de ses parents touchait-elle son cœur, ou, se voyant vaincue, jugeait-elle qu’il valait mieux se rendre ?

Tante Philogone ne tergiversa pas. Quand elle fut prête, elle prit le bras de sa jeune amie et l’entraîna.

Dans la rue, Claudine frissonna. Le temps était bas et froid. Des nuées couraient dans le ciel et une lune pâle se voyait par intermittences entre les nuages noirs.

Ah ! où étaient les enviables autos qui vous emportaient dans la belle maison confortable ? Ici, ce n’était que le cloaque boueux où les pieds faisaient jaillir des jets sombres. Rentrer plus misérable qu’auparavant, après avoir tant rêvé ! Claudine supplia :

— Non, tante Logone, c’est au-dessus de mes forces ! Je ne puis pas rentrer, maman le sait.

— Tais-toi, petite insensée ! Tu ne veux pas me faire faire une course inutile, à mon âge ? Nous sommes près de ta maison, et nous allons faire une belle entrée.

Philogone ne lâchait pas le bras de sa compagne, elle se méfiait d’un coup de tête.

Cependant, domptée, Claudine n’essaya pas de fuir.