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cinéma !… cinéma !…

et d’être revenue dans un état peu normal. Tout cela se dissiperait, et elle verrait de nouveau sa fille gaie et pleine d’entrain.

L’indulgence de Mme Nitol était grande, et il lui semblait que parler au cœur de ses enfants était le meilleur moyen de se les attacher.

Cependant Claudine ne semblait pas répondre à l’illusion de sa mère. Son visage était de plus en plus sombre et fermé. Un pli d’entêtement se formait dans la moue de sa bouche.

Elle paraissait excédée et elle ressemblait à une princesse que l’on retenait captive et qui profiterait du premier manque d’attention pour s’enfuir.

— Claudine, réponds-moi !

C’était la deuxième fois que Mme Nitol lui adressait la parole sans avoir de réponse.

— Ne t’ai-je pas toujours entourée de tendresse ?

— Papa et toi, vous m’avez surtout tenue en li­sières. Jamais d’initiative…

— Tu te trompes, ma fille.

— Je suis bon juge.

— Nous avons essayé d’aller à l’encontre des idées folles qui te passaient par la tête !

— Idées folles ! Simplement parce qu’elles n’étaient pas les vôtres !

— J’ai fait de mon mieux pour vous élever dans le bon sens et la raison.

— Avec l’âge, la raison vient, et avec la nécessité, le bon sens opère, et chacun obéit aux lois de sa na­ture. J’ai horreur de la médiocrité.

— Mon Dieu ! Que te faut-il ?

— Je ne peux plus supporter la tristesse de ces appartements sans ampleur ! Ce sont des cabines sans aucun confort et encore moins de luxe. Je ne m’y habitue pas, j’y ai toujours souffert. Depuis toujours, j’ai été ainsi !

— Que veux-tu donc, petite malheureuse ?

— Ne plus vivre entre quatre murs étroits !