— Oui, et elles m’ont fait boire du champagne.
Claudine s’affala sur un siège et des haut-le-cœur la saisirent.
— Grand Dieu ! cria sa mère, et ta belle robe !
Elle s’élança pour en dévêtir sa fille, car celle-ci ne prêtait nulle attention à sa toilette. Sa mère conjura la catastrophe avant que Claudine ne se soulageât.
— Ma pauvre petite ! Heureusement que ton père n’est pas là, il dîne chez les Retoulle avec un camarade de régiment, retrouvé.
— Je suis bien malade, m’man.
— Mais non. Tu vas te coucher, et demain cela ira mieux. C’est une indigestion.
Claudine tombait de sommeil. Elle se laissa déshabiller et s’endormit lourdement, inerte comme un paquet de plomb.
Mme Nitol réfléchissait et ne pensait pas grand bien des compagnes d’atelier de sa fille. De temps à autre, elle allait voir si elle dormait bien et la trouvait dans le même sommeil.
Scandalisée, elle se disait : « Elle a bu trop de champagne, elle est ivre. Quelle honte ! »
Le lendemain, Claudine ne put se lever. Une torpeur l’anéantissait. Sa mère lui interdit de bouger et, au milieu des vapeurs qui l’embrumaient encore, elle ne résista pas et, après une tasse de thé léger, elle se rendormit.
À midi, une ouvrière de chez Mme Herminie vint de mander pourquoi l’on n’avait pas vu Claudine à l’atelier.
Mme Nitol la regarda sans amabilité et lui dit :
— Vous devriez le savoir mieux que moi, car vous étiez sans doute à la réunion organisée par vous toutes, hier ?
— Une réunion ? Pas que je sache !
— Comment ! Claudine est partie hier dimanche, vers 14 heures, pour se joindre à vous, afin que vous puissiez examiner les détails de sa jolie toilette.