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cinéma !… cinéma !…

— Je me débrouille. J’ai dit aux parents que j’avais rendu un service à notre tailleur.

— Ah ! sais-tu que tu ressembles à un jeune pre­mier de cinéma ?

— Tu me rends heureux, mais j’admire surtout ceux qui savent se tirer d’affaire.

Il sortit de sa poche une étoffe de soie merveil­leuse, la lui tendit en disant :

— Voici pour toi !

— Pour moi ? C’est magnifique ! Comment as-tu pu l’acheter ?

— Je ne l’ai pas achetée. Je me suis fait la main en regardant opérer les gangsters. Tu ne saurais croire combien c’est facile.

— Tu ne veux pas dire que tu as volé cette écharpe ? murmura Claudine, défaillante.

— Comment l’aurais-je eue autrement ? Je retire le mot « volé » qui me désoblige parce que je trouve que c’est un art de s’approprier un objet avec talent.

— Mon Dieu ! gémit Claudine.

— Allons ! un peu de cran ! Nous voulons tous les deux échapper à la mesquinerie, et certains films sont là pour nous en enseigner les moyens.

— Qu’arriverait-il si on t’arrêtait ?

— Aucun danger ! Je prends des précautions comme je l’ai vu faire. Ne m’assimile pas à un sot ! Tu te souviens du jeune Gigous qui venait parfois avec moi ?

— Oui. Eh bien ?

— Il s’est tué. Il était féru de cinéma, mais il a compris qu’il ne pourrait jamais égaler ces princes du film. Il a vu un suicide qui l’a frappé et il a essayé de l’imiter en se persuadant qu’il ne serait pas heu­reux sur terre. Alors, il a sauté le pas comme un idiot.

— C’est terrible ! bégaya Claudine, blême de peur.

— Je ne trouve pas ! Il s’est senti faible, incapable