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cinéma !… cinéma !…

Elle fut vite à côté de lui.

— Comme c’est gentil à vous d’avoir deviné que je serais là !

— Oh ! je vous connais, et je sais que le seul air respirable pour vous est une salle de cinéma. Vous me l’avez dit franchement.

— Vous avez bonne mémoire !

Ses yeux brillaient de plaisir, alors que son visage coloré par une émotion heureuse trahissait ses senti­ments. Ils étaient brillants d’attente fiévreuse du spec­tacle, et de la satisfaction de voir son compagnon.

Ils entrèrent dans la salle mi-obscure, et tout de suite l’âme de Claudine changea. Elle se sentit une autre personne et elle eut les gestes qu’elle voyait sur l’écran. Se penchant vers son voisin, avec une familiarité qu’elle copiait sur l’héroïne si gracieuse et pleine de candeur, elle murmura :

— Ah ! que je suis bien !

Il osa lui serrer la main, et quand la lumière réap­parut et que les conversations purent s’animer il lui dit :

— Vous avez eu un succès prestigieux, hier. Votre toilette était merveilleuse ! N’était-elle pas celle d’Anny ?

— Elle-même.

— Vous la portiez avec une grâce sans pareille ; vous avez dû l’entendre dire autour de vous.

— Oui, j’ai eu beaucoup de compliments.

La lumière s’éteignit et le film versa de nouveau son philtre que Claudine savourait avec extase. Une sorte de bonheur nerveux la possédait. Des frissons la parcouraient en admirant ces mobiliers dont la richesse l’étourdissait.

Les tentures chatoyantes, les bronzes, les tableaux qu’elle voyait là, les sièges originaux, et dans cet en­semble les femmes évoluant bien parées et causant avec une grâce élégante, la plongeaient dans une sorte d’hypnose.