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cinéma !… cinéma !…

« Je vis ! pensait-elle. Ah ! si ce jour pouvait durer quelques années, autant que ma jeunesse, par exemple ! »

Elle quêta, escortée d’un jeune homme boutonneux, mais elle ne s’en soucia pas. La jeune fille qui remplissait le même office paraissait fagotée et n’obtenait pas un regard. Claudine et sa robe absorbaient toutes les facultés admiratives de l’assemblée et sa grâce décuplait son succès.

Elle eut la joie de capter une parole : « Elle est aussi bien que la star Anny. »

Cette appréciation l’émut, mais là où elle fut dans l’ivresse, c’est quand elle aperçut son inconnu du cinéma parmi les curieux. En déposant son offrande dans le plateau, il lui glissa à l’oreille : « Surprenante ! Délicieuse ! » Elle eut un sourire pour le remercier.

Ses camarades d’atelier qu’elle avait invitées à voir sa toilette ne purent, pendant la cérémonie, que lui souffler des appréciations brèves, mais caractéristiques : « Épatante ! Quel chic ! Quel tissu ! Eh bien ! ma chère ! »

Elle souriait, heureuse de sentir l’envie des autres, la gloire d’avoir réussi, l’unanimité des compliments, et surtout le triomphe de se savoir belle.

Elle se croyait sur une scène et regrettait de ne pouvoir exercer sur cette foule la puissance de ses regards et l’élégance de ses gestes. Elle ne pensait pas à la magie du talent, elle oubliait tout, si ce n’était la certitude d’imposer sa beauté à l’assistance rassemblée là.

Qu’importait la mariée ? Qu’importait aussi le lieu sacré où elle se trouvait ? Aucune prière ne venait à ses lèvres pour le bonheur des époux. Elle seule comptait. Il était certain que les yeux n’avaient de regards que pour cette vedette surgie comme par miracle, et les esprits n’agitaient qu’une question : « Qui est-elle ? » De rares personnes l’identifiaient, à part