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CINÉMA !… CINÉMA !…

— Les artistes en sont bien intéressants.

— Merveilleux…, ils sont merveilleux !

— La vedette est un peu sévère.

— C’est mon avis.

— Ainsi vous auriez accepté ce soupirant ?

— Oh ! oui ! Il est si gentil !

— Vous avez un cœur d’or.

— Oh ! non, mais je n’aime pas quand on fait de la peine aux gens.

— Bonne petite fille !

Une main amicale chercha la main de Claudine.

À ce moment, la musique recommença. C’était une valse langoureuse qui entraînait la raison. L’obscurité revint dans la salle, et seul l’écran lumineux ressortait, présentant les héros.

Claudine laissa sa main dans celle de l’inconnu. À vrai dire, son geste n’était qu’un réflexe. Elle n’en mesurait pas la portée, grisée par cet air de valse qui engourdissait sa volonté et lui laissait seulement le désir fou de s’évader de son humble vie et de s’en créer une plus enchanteresse.

Par quel moyen ? Elle ne le voyait pas encore, mais elle se laissait subjuguer par la vie factice de l’écran et se supposait habile. Tout paraissait si simple ! Une jeune fille était là, assise seule à une table de restaurant, et tout de suite, un jeune homme survenait et s’asseyait à côté d’elle. Ils dînaient ensemble et paraissaient heureux.

Pourquoi n’aurait-elle pas cette chance ? Ce jeune homme qui lui tenait la main était sans doute épris de sa beauté. Pourquoi serait-il venu s’asseoir auprès d’elle ? Certes, elle ne pensait guère à l’attirer, jamais elle ne l’avait vu.

La lumière revint et Claudine reprit conscience de la réalité en retirant sa main de celle de l’inconnu. Elle promena ses regards autour d’elle. Dans la salle, des couples s’embrassaient, des phrases s’échangeaient à mi-voix.