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CINÉMA !… CINÉMA !…

l’audace avec lesquelles ils opéraient. Leur maîtrise agissait sur l’imagination des jeunes spectateurs dont les instincts fermentaient.

Au sortir de ce film, Maxime, assez placide, ne se contenait plus de respect extasié pour de tels hommes. Ce que son père lui disait d’un ton sermonneur n’avait aucun effet sur lui. Seuls les deux bandits, avec leurs gestes précis de criminels, restaient dans sa vision, avec l’arrière-pensée de se dire :

— Bah ! je crois que j’en ferais bien autant !

Cependant, il convint par devers soi que, pour arriver à une pareille habileté, il lui faudrait quelque entraînement. Il forma le projet de s’y essayer, non pour le gain d’un vol, mais pour le simple plaisir de savoir s’il réussirait.

Quand, le soir, il vit sa sœur seule, alors qu’ils étaient sous la lampe, lui en train de relire un cours du collège où il allait comme externe, et elle en train de chiffonner un nœud de ruban, il lui parla du spectacle qu’il avait vu :

— Tu ne peux t’imaginer quels cambrioleurs élégants et quels studios ils habitaient ! Ce qu’ils volaient leur parvenait dans les mains sans effort ; ils opéraient avec un sourire et personne n’aurait pu se douter du métier qu’ils faisaient. Ils tenaient leur place dans le monde comme de vrais gentilshommes et ils étaient entourés d’amis et de femmes charmantes. Quelle belle vie ils semblaient avoir ! Ah ! Claudine, si j’avais seulement dix-huit ans au lieu de seize, c’est l’existence que je choisirais.

— Tu ne prendrais tout de même pas la profession de cambrioleur ! s’écria sa sœur, indignée.

— Non, bien sûr, au moins pas ouvertement ni pour longtemps, mais j’aimerais goûter un peu à cette vie qui paraît si facile et si agréable.

L’écolier se tut. Sa pensée était loin du cours d’histoire qu’il repassait. Une série de tableaux défilaient