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cinéma !… cinéma !…

Dans son esprit s’abolissait cette hantise d’avoir à cacher certains actes de sa vie à son mari. Elle avait trop souffert de ce tourment, lors de ses fiançailles avec Elot. Aujourd’hui, elle était soulagée.

Elle regrettait seulement de n’avoir pas obéi à J. Laroste quand il lui avait déconseillé d’aller chez Mase. Là, elle s’était montrée stupidement entêtée, mais elle était folle. Elle ne voyait que les soleils du cinéma qui projetaient leurs faisceaux sur toutes choses, pour amplifier les mirages.

Quand elle se réveilla le lendemain, sa pensée, tout de suite, retrouva l’incroyable nouvelle.

Elle s’en alla en chantant, après avoir pris gaîment son déjeuner. Naturellement, Mme Nitol ne tarissait pas sur le beau sujet. Elle répétait :

— Quand les dames Hervé sauront cela !

— Elles me plaindront sans doute de partir pour le Gabon.

Pleinement revirée et déjà habituée au départ de sa fille, elle répliqua :

— Je ne crois pas, parce que Mme Hervé me confiait que son gendre voudrait bien essayer des pays lointains, mais n’a pas une situation qui veut !

Claudine partit sur ces mots. La rue était belle. Ensoleillées, les maisons grises prenaient un air de fête, et les acacias, dans un jardin, répandaient des effluves odorants. Le mois de mai était là, pimpant, et si par hasard il envoyait par moments une brise un peu aigre, ce n’était que par jeu, parce que le soleil perçait, rieur.

Ce fut le soir de ce jour, passé dans une attente délicieuse, que Jacques Laroste revint. Des sourires l’accueillirent, bien qu’un certain respect les accompagnât. Il devenait un personnage.

Il ne perdit pas de temps pour exposer l’objet de sa visite à M. Nitol qui, tout ému, lui répondit :

— Vous me voyez touché de votre démarche. Je