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cinéma !… cinéma !…

Quand le calme fut revenu dans les esprits, cette grande affaire fut examinée posément, M. Nitol se fit raconter dans quelles circonstances ces paroles inattendues avaient été dites. Puis il éleva un doute :

— Es-tu sûre d’avoir bien entendu ? Tu sais, au milieu du bruit des voitures, on peut prendre un mot pour un autre.

— Non, p’pa, je ne me suis pas trompée. D’ailleurs, ayons un peu de patience : M. Laroste m’a promis de venir au plus vite pour te demander ma main.

— Alors, attendons tranquillement.

Attendre tranquillement était plus facile à dire qu’à faire. M. Nitol ne pouvait s’empêcher de parler du Gabon et de regarder dans le dictionnaire, même en mangeant, pour savoir ce qui se passait dans ce pays. Puis, quand son excitation se fut atténuée, sa femme, à son tour, se demandait comment sa fille serait logée et si elle pourrait avoir au moins une femme de ménage pour l’aider.

Le repas se passa dans une sorte de tohu-bohu qui ne prit fin que quand le trio familial se sépara pour dormir.

Cependant dormir n’était qu’une illusion, parce que les deux époux, dans la chambre conjugale, continuèrent à discuter de cet événement sensationnel. Quand l’enthousiaste Mme Nitol fit miroiter à son mari la perspective d’une maison à la campagne, parmi les propriétés du futur gendre, M. Nitol ne se tenait plus d’agitation. Il se dressa dans son lit et parla de prendre tout de suite sa retraite.

— Tu es fou ! Ne perds pas un sou de ta pension ! Il faudra que nous vivions, dans notre maison !

Ces paroles sages calmèrent le bureaucrate, et il finit par s’endormir en pensant à des théories de poulets, de canards et d’oies.

Claudine, bien que la principale intéressée, eut un sommeil plus calme. Il lui semblait qu’un chemin éclairé s’étendait devant elle.