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cinéma !… cinéma !…

Le lendemain matin, en déjeunant, Mme Nitol entama le nouveau sujet avec sa fille :

— Tu le connais, toi, ce monsieur Jacques Laroste ?

Claudine fut franche :

— Dire que je le connais bien serait beaucoup m’avancer. Je l’ai eu comme voisin au cinéma, et il m’a semblé bien élevé.

— Toujours ce cinéma ! Je me méfie toujours des gens que l’on y coudoie.

— Tu n’as pas tort, convint Claudine, à la grande surprise de sa mère, c’est une fameuse pierre de touche, le bon et le mauvais s’y heurtent, et c’est là qu’il ne faut pas se fier aux apparences.

— Mais alors, ce jeune homme, c’est le mystère ? Ton père prétend que ce jeune inconnu a l’air comme il faut. D’ailleurs il va partir et ne nous gênera pas beaucoup.

Claudine ne répondit pas. J. Laroste n’était pas gênant pour elle, au contraire. Il faisait partie d’un passé dont elle pouvait parler avec lui sans faire naître des soupçons injurieux.

À l’idée de le revoir chez ses parents, une joie s’établit en elle. Sa mère la revit avec la gaîté des jours anciens et elle s’en étonna, parce que le problème du mariage la hantait sans cesse.

Claudine semblait se désintéresser de l’avenir. Elle allait ponctuellement à son travail, et le dimanche elle allait voir tante Philogone dont elle appréciait maintenant le bon sens. Elle avait rencontré aussi quelques compagnes de catéchisme et les avait suivies au patronage. Elle s’avouait plus heureuse ainsi que lorsqu’elle revenait du cinéma, pétrie de visions folles. Surtout, la paix l’habitait.

Quatre jours après s’être annoncé, Jacques Laroste se présenta, et ce fut M. Nitol qui l’introduisit.

Il le précéda dans le petit salon que Claudine avait arrangé de son mieux pour en effacer la banalité.

Quand il entra, elle devança sa mère pour l’accueil-